Des Boucles d'Oreilles Ethniques, Au Bracelet Jonc, Tous Les Bijoux Eponyme De Ami Doshi Shah
Une bijoutière kényane utilise des minéraux naturels pour allier son éducation kényane et son héritage indien dans la création de sa marque de bijoux éponyme.
Ami Doshi Shah, une bijoutiére et orfèvre kényane dont le travail ne ressemble à rien de ce qui existe.La beauté naturelle du Kenya est une source d'inspiration durable pour la désigner Ami Doshi Shah. Douze ans après l'obtention de son diplôme de joaillerie et d'orfèvrerie passé au Royaume-Uni, elle est revenue dans son pays d'origine et a lancé sa marque éponyme.
Son travail présente des conceptions sculpturales inattendues, un mariage imprévisible de couleur, de texture et de forme fascinantes fabriqués à partir de métaux surtout le laiton poli qui est devenu sa signature de sa marque et de minéraux locaux. Un résultat poétique qui se ressent tout au long de sa collection de boucles d’oreilles, bracelets et surtout de colliers.
Ses pièces se situent entre l'art sculptural et l'art portable, et pour Shah, c'est exactement comme ça que çela devrait être. "C'est cette idée d'un objet ayant une maison sur le corps et cet objet prenant un caractère très différent lorsqu'il repose réellement sur le corps", explique Shah.
Les bijoux sculpturaux d'Ami Doshi Shah racontent l'histoire à la fois du passé complexe du Kenya et de la beauté naturelle et captivante du pays.
Shah a une éducation kényane et un héritage indien, une Kényane de troisième génération dont la famille est originaire d'Inde. Selon elle, la valeur des bijoux flottant dans ces deux cultures est vraiment importante.
Dans la culture indienne, les bijoux sont souvent un atout donné à une mariée le jour de son mariage, cependant, quand on regarde la culture kényane, les bijoux sont considérés comme des rites de passage plus talismaniques.
Pour elle, tous ces composants s'emboîtent en quelque sorte dans le travail qu'elle fait.
Bon nombre des pièces qu'elle conçoit et crée présentent une gamme de minéraux et de matériaux naturels. Elle mentionne que c'est parce que son inspiration vient de la beauté naturelle, mais complexe, du Kenya. Elle utilise des matériaux disponibles au Kenya avec lesquels travailler.
L'une de ses principales collections, intitulée "Le sel de la Terre", examine à la fois les propriétés destructrices et bénéfiques du sel. "Le projet commence comme un conte postcolonial et j'ai utilisé un matériel pour illustrer des aspects très différents du colonialisme, c’est ainsi que je transfère ce que nous traversions en tant que pays ou ce que nous avons traversé", dit Shah.
La collection comprend des matériaux en toile de jute et en cuir qui ont été placés dans une solution de sel hyper concentrée pour créer des objets en sel cristallisé. D'autres pièces ont subi des processus de patine, où une solution de nitrate cuivrique et de sel est appliquée en couches sur du laiton pour créer presque un deuxième type de peau érodée.
Selon Shah, le sel est un minéral extrêmement compliqué et intrigant. Il était autrefois utilisé comme monnaie et est donc également devenu une source d'énergie. C'est un minéral qui peut être destructeur, mais qui est pourtant essentiel à la plupart des êtres vivants sur terre. "Pour moi, il s'agit toujours de cette juxtaposition de matériaux et de leur utilisation de manière très inattendue et inhabituelle", dit-elle.
Sa collection Salt of the Earth a récemment fait ses débuts à la London Fashion Week, dans le cadre de l'International Fashion Showcase. Parmi les 16 créateurs choisis pour présenter leur travail, Shah était la seule créatrice de bijoux sélectionnée.
La décision de devenir créatrice de bijoux n'a été prise qu'au cours des dernières étapes de ses études universitaires de Shah. Cependant, selon la joaillière, lorsqu'elle a obtenu son diplôme à l'âge de 21 ans, elle était bien trop jeune pour lancer sa propre marque.
"Je pense qu'à cette époque, au Kenya, il n'y avait pas vraiment de place pour le genre de travail que je voulais faire et évidemment je devais gagner ma vie", ajoute-t-elle.
Elle a passé environ 12 ans dans le domaine de la publicité, et à la fin elle s'est rendu compte qu'elle était prête à retourner à sa première passion.
Cinq ans plus tard, elle a créé sa propre marque, I AM I, et a emménagé dans son propre studio. Aujourd'hui, ses œuvres ont été portées par des personnes comme Theresa May, exposées à la Fashion Week de Londres et ont honoré les pages de British Vogue.
Elle mentionne que la plupart des éloges et du soutien pour son travail proviennent des institutions et des médias britanniques, et elle attribue cela au non soutien gouvernemental pour les artistes et qui est pratiquement inexistant dans de nombreux pays africains.
Le gouvernement a un financement très limité, voire inexistant… Nous ne recevons pas de subventions ; nous ne recevons pas de subventions gouvernementales pour quoi que ce soit. Je me sens mal de le dire, mais c'est vrai. C'est la pure vérité. Ce sont principalement des organisations externes qui soutiennent les arts.
"Cela dit, la scène artistique et la scène créative et l'industrie créative au Kenya, à Nairobi en particulier, sont vraiment riches et dynamiques… Une grande partie de ce qui motive l'industrie créative n'est en fait que le résultat de l'auto-motivation et du désir de perfectionner ses talents. »
